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Allah Kouamé (1er vice-président du CNO-CIV): « Les astres ne nous étaient pas favorables à Paris »

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De retour des Jeux Olympiques de Paris 2024, Allah Kouamé, 1er vice-président du Comité National Olympique de Côte d’Ivoire (CNO-CIV), se confie sur la participation ivoirienne à ces 33es olympiades.  Entre préparation insuffisante, désillusions sur le terrain et une médaille de bronze arrachée de haute lutte, il fait le point sur cette participation, qu’il considère comme une expérience enrichissante malgré tout.

 

Quel bilan dressez-vous après la participation aux JO de Paris ? 

Lorsque nous quittions Abidjan, nous avions promis de faire en sorte de ramener  plus de deux médailles, afin de battre le  record de 2016. Malheureusement, les circonstances sur le terrain à Paris n’ont pas été favorables.

Qu’est-ce qui explique cette situation ?

D’abord, il y a eu la préparation des athlètes, qui n’a pas été optimale. On a été un peu confrontés par  le retard de décaissement des fonds promis  aux athlètes pour leur préparation. Il y a pas mal d’athlètes qui n’étaient pas rentrés à temps en possession des moyens pour leur préparation. Même quand on était  à Paris, il y a des athlètes qui n’avaient pas encore eu ce qu’il fallait. Ça a été un premier obstacle.

Y a-t-il eu autre chose ?

Au CNO, nous avons eu des incompréhensions avec la Direction des Sports, qui souhaitait contrôler l’organisation des Jeux, une responsabilité qui incombe normalement au CNO. En plus de tout cela, les astres ne nous étaient pas favorables à Paris.

Pouvez-vous préciser ce que vous entendez par « les astres ne nous étaient pas favorables » ?

On peut prendre l’exemple de Ta Lou, qui s’était brillamment qualifiée pour la finale.  Mais, elle  a rencontré un problème imprévu, qui l’a empêché  de terminer la course comme prévu. Il y a eu aussi la finale du 200 m avec Gbaï Jessika, qui, sous pression après l’échec de Ta Lou, a malheureusement terminé 8e. Je peux également  parler de la blessure que Traoré Cheickna a contractée  l’échauffement, ce qui l’a empêché de participer à sa course. C’était vraiment une série de malchances pour nous.

La plus grosse déception ne vient-elle pas du relais 4×100 m féminin ?

Effectivement, c’était un coup dur. Nous étions qualifiés pour la finale, mais notre équipe a été disqualifiée en raison d’une faute technique de l’une de nos athlètes les plus expérimentées, qui a franchi un couloir interdit à plusieurs reprises. C’est inexplicable.

La médaille de Cissé Cheick a-t-elle permis de sauver l’honneur ?

Absolument ! Cette médaille de bronze a une valeur inestimable pour nous. Pour nous, elle vaut de l’Or. Sans elle, nous serions rentrés bredouilles. Quand on analyse la situation, on peut dire que le résultat est honorable. Nous avons disputé deux finales en athlétisme et décroché une médaille de bronze en taekwondo. Ce qui représente un taux de réussite de 25 % avec 13 athlètes répartis dans quatre disciplines.

Le CNO a-t-il fait son autocritique après Paris ?

Il est clair que beaucoup de choses n’ont pas fonctionné comme prévu à Paris. Nous organiserons une réunion du Comité National Olympique pour analyser ce qui a marché et ce qui n’a pas marché, en collaboration avec le ministère des Sports. Nous avons déjà eu des discussions à Paris avec le ministre Silas Adjé et ses collaborateurs, et nous sommes tous d’accord sur le fait qu’il y a des améliorations à apporter.

Quelles sont ces améliorations à apporter ?

Comme je l’ai dit, nous tiendrons une réunion ou un séminaire pour discuter des points à améliorer, que ce soit au niveau des athlètes, des encadreurs, du CNO ou du ministère. Il est crucial de commencer la préparation des JO de Los Angeles 2028 dès maintenant. Nous avons réussi à monter sur le podium lors des trois dernières Olympiades,  il est temps de viser plus haut.

C’est-à-dire ?

Il faut s’inspirer de l’exemples  de Sainte-Lucie, qui avec un seul athlète, a remporté deux médailles. Un petit pays qui s’est fait connaitre à travers ces Jeux Olympiques. Seul le travail paye.

A l’avenir comment comptez-vous y prendre  pour vite disposer des fonds nécessaires à la préparation des athlètes?

Il est évident qu’un athlète de haut niveau ne se prépare pas en deux ou trois mois. Il faut commencer dès maintenant, sur les quatre années qui précèdent les JO de Los Angeles 2028. Même si vous donnez un milliard de francs à un athlète à la veille des Jeux, il ne pourra pas réaliser  de miracle sans une préparation solide et progressive.

Quelles sont donc  les attentes?

Notre projet est de soutenir les athlètes dès leur phase de qualification et de les accompagner tout au long de leur préparation. Cependant, cela nécessite des moyens. Nous allons donc engager une discussion approfondie avec le ministre des Sports pour trouver des solutions et s’assurer que les choses changent à partir de ces Jeux de Paris 2024.

Quand vous parlez de changement, qu’est-ce qui va fondamentalement changer pour les Jeux à venir ?

D’abord, il faut commencer dès maintenant la préparation pour 2028. Nous devons soutenir les jeunes qui participeront aux Jeux de Dakar en 2026, car ce sont eux qui, pour la plupart, représenteront la Côte d’Ivoire à Los Angeles. Ensuite, pour les disciplines qui n’étaient pas présentes à Paris, il faut donner les moyens aux fédérations olympiques de faire de la détection. Le Premier ministre souhaite qu’en 2028, nous ayons plus de 13 athlètes qualifiés, répartis sur plusieurs disciplines. C’est cet objectif que nous allons poursuivre.

Avec certains grands noms de l’athlétisme ivoirien en fin de cycle, comment le CNO-CIV se prépare-t-il pour la relève ?

Il est vrai que pour Los Angeles 2028, nous ne pourrons plus compter sur des figures emblématiques comme Muriel Ahouré-Demps et Ta Lou-Smith. Paris a été leur dernière Olympiade, et elles souhaitaient ardemment décrocher une médaille pour la Côte d’Ivoire. Malheureusement, cela n’a pas été possible. Toutefois, nous avons encore des talents comme Cissé Cheick et Ruth Gbagbi, et il y a également d’autres athlètes prometteurs dans l’antichambre.

Lesquels ?

Des athlètes comme Koné Maboundou, vice-championne d’Afrique au 100 m, et Jessika Gbaï, championne d’Afrique au  200 m, sont encore là. Dans deux ou trois ans, elles seront prêtes pour Los Angeles. Il y a aussi Witney Tié, remplaçante au relais 4×100 m, qui n’a pas couru à Paris mais qui a beaucoup de potentiel. Dans d’autres disciplines, comme le judo, nous avons aussi des champions. Nous allons travailler avec les différentes fédérations pour fixer des objectifs ambitieux.

.Peut-on dire qu’il y a de l’espoir pour 2028 ?

Bien sûr ! Il ne faut pas se contenter de la médaille de bronze obtenue à Paris. Nous savons que si nous travaillons correctement, les résultats suivront, d’abord en 2026, puis en 2028. Il faut simplement mettre les athlètes dans les meilleures conditions. Nous avons des programmes avec la Solidarité Olympique, et nous allons collaborer étroitement avec les fédérations pour atteindre les résultats souhaités en 2028.

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