Le stade Houphouët-Boigny est certainement passé à côté d’une catastrophe de grande ampleur le dimanche 13 octobre dernier lors du match Burundi-Burkina Faso comptant pour la 4è journée des Eliminatoires de la CAN 2025. Remise à neuf à coups de plusieurs vingtaines de milliards de F CFA, la mythique enceinte de la capitale économique ivoirienne a été attaquée par une horde de supporters burkinabè en furie avant et après la rencontre.
A quelques heures du match, plusieurs centaines de fans, maillot des Etalons sur le dos, ont forcé les passages au niveau de quatre entrées. La plupart d’entre elles n’était pas munie de tickets d’entrée. Dans leur barbarie, ils ont endommagé quatre tourniquets. Au terme de la rencontre et de la victoire du Burkina Faso, synonyme de qualification du pays des Hommes intègres pour Maroc 2025, une foule de supporters déchaînés est descendue, cette fois, sur la magnifique pelouse du Félicia dans la consternation la plus totale. Certains joueurs de l’équipe nationale du Burkina ont été forcés de donner leurs maillots. D’autres ont été déshabillés de force dans un cafouillage indescriptible. Tout cela avant qu’une petite poignée de policiers n’intervienne à coups de ceinturons dans un spectacle des plus risibles. La folie des fans burkinabè a fait valser sur son passage, des grilles et des chaises. Des robinets ont également été endommagés.
Ousmane Gbané, le Directeur général de l’Office national du sport (ONS), a condamné les incidents. « C’est un acte à condamner. La place des spectateurs c’est dans les tribunes et non sur la pelouse », s’est-il offusqué.
Près d’une semaine après ces graves incidents, le patron de l’ONS n’a toujours pas fait le moindre bilan détaillé des dégâts occasionnés par les Burkinabè. Jusqu’à ce jour, les responsabilités n’ont non plus pas été situées. « Ne vous en faites pas, des enquêtes approfondies sont actuellement en cours afin de situer les responsabilités et savoir ce qui n’a pas marché », nous a-t-on simplement confié au niveau de l’ONS. Sans mentionner s’il y aura des sanctions pour les fautifs.
En attendant les résultats des « enquêtes approfondies » de la structure étatique chargée de la gestion et de l’exploitation des différentes infrastructures sportives du pays, on peut déjà pointer plusieurs manquements. Notamment au niveau de la sécurité ou du manque de sécurité. Si le Burundi, l’équipe hôte, n’avait émis que 8000 billets, on s’est retrouvé le jour du match avec un nombre de supporters trois fois plus important. Il fallait s’attendre à cela quand on sait l’importance de la communauté burkinabè en Côte d’Ivoire.
Etonnamment, l’ONS n’avait pas anticipé sur cette réalité. Elle n’avait pris aucune mesure préventive pour faire face à un éventuel débordement des supporters, même après les événements constatés avant le match aux portes d’accès du stade.
« Contrairement aux matches des Eléphants, il n’y avait pas de checkpoints dans les encablures du stade. La sécurité n’était pas à la hauteur avec une faible présence des forces de l’ordre. », fait remarquer un spectateur, passé à deux doigts de se faire écraser au moment de l’invasion de l’aire de jeu. Résultat des courses, le peu de policiers présents aux abords et à l’intérieur du Félicia a été rapidement débordé par la foule en furie.
A l’intérieur du stade, les stadiers, tous des civils, étaient aussi en nombre très réduit pour une rencontre potentiellement risquée. Alors, quand à la fin du match des centaines de spectateurs ont pris d’assaut la pelouse, il n’y avait pas grand monde pour stopper leur folie.
« Franchement, nous avons eu peur pour notre sécurité. Il y avait tellement de personnes sur la pelouse. J’ai été forcé de donner mon maillot », témoigne, désabusé, un international burkinabè, surpris par l’invasion des fans. Le laxisme et le laisser-aller de l’ONS au niveau de la sécurité, sont donc les principales causes de ces incidents malheureux. Si tout se passe bien avec le Bénin autre locataire du stade Houphouët-Boigny (les Guépards ont disputé quatre rencontres au Félicia), les choses ont tourné au vinaigre avec le Burkina Faso qui compte un grand nombre de ressortissants en Côte d’Ivoire. Après être passé à côté d’un drame, l’ONS doit désormais faire la lumière sur les manquements et sanctionner les coupables.
Abdoul Kapo