Depuis son accession à la présidence de la Ligue Professionnelle de Football (LFP), Salif Bictogo s’efforce de relever de nombreux défis pour moderniser et dynamiser le football ivoirien. À travers les « Causeries de la Ligue Professionnelle », il revient sur les ajustements dans la programmation des matchs, les contraintes logistiques, et les projets novateurs destinés à valoriser les compétitions nationales.
Une gestion conditionnée par la diffusion télévisée
La programmation des rencontres reste un exercice complexe. Selon Salif Bictogo, la priorité accordée aux retransmissions télévisées joue un rôle clé dans les ajustements effectués. « Nos partenaires CANAL+ et la RTI diffusent deux rencontres le samedi et deux le dimanche. Cela implique parfois un déplacement de leurs équipements, nécessitant jusqu’à trois jours, ce qui impacte directement notre calendrier. »
Avec la CAN 2023, la Côte d’Ivoire s’est dotée de nouveaux stades ultramodernes. Pourtant, ces infrastructures restent sous la gestion de l’Office National des Sports (ONS), un facteur limitant pour la LFP. « Ces stades ne nous appartiennent pas. Leur gestion par l’ONS, ainsi que les travaux de maintenance réguliers, compliquent notre capacité à planifier des rencontres à un rythme soutenu. »
La programmation de la 12ᵉ journée a été particulièrement affectée par une décision tardive de la CAF concernant les éliminatoires du CHAN 2025. « Nous n’étions pas informés de cette compétition au début de la saison. La CAF a pris cette décision lors d’un congrès à Addis-Abeba, ce qui nous a obligés à adapter notre calendrier en urgence. »
Avec la nomination du coach Romaric, il était nécessaire de composer une équipe pour affronter le Burkina Faso les 22 et 28 décembre. Cependant, ces dates non reconnues par la FIFA posaient problème, car les clubs n’étaient pas obligés de libérer leurs joueurs. Face à cette situation, une solution a été trouvée : « Nous avons décidé de centraliser les matchs à Abidjan pour réduire les déplacements et faciliter la récupération des joueurs. »
Salif Bictogo annonce un calendrier précis pour la clôture de la phase aller. « Nous prévoyons d’achever la 14ᵉ journée d’ici le 12 décembre et la 15ᵉ journée les 30 et 31 décembre, dans le cadre d’un Boxing Day à l’ivoirienne. » Les clubs engagés dans les compétitions africaines joueront leurs matchs entre le 17 et le 19 décembre, afin d’assurer la cohérence du calendrier.
Si la Côte d’Ivoire se qualifie pour le CHAN, le championnat pourrait être suspendu en février pour une durée de deux mois. « Cela nous laissera trois mois pour disputer la seconde phase et la Coupe Nationale, avec une fin de championnat prévue pour le 31 mai 2025. »
Inspiré des traditions footballistiques britanniques, le Boxing Day ivoirien sera un événement inédit. « Toutes les rencontres de la dernière journée de la phase aller se joueront simultanément dans différentes villes. C’est une occasion de créer une ambiance festive et de mettre en lumière notre championnat. »
Initiatives pour les supporters et les joueurs : un bilan mitigé
L’initiative d’offrir 200 tickets par club aux supporters n’a pas produit les résultats escomptés. « Les clubs ont rencontré des difficultés à distribuer efficacement ces tickets. Une commission a été mise en place pour trouver une solution durable. »
La récompense du joueur du mois en attente
Le projet de récompenser le meilleur joueur du mois, développé en partenariat avec l’Association des Footballeurs Ivoiriens (AFI), est également en suspens. Bictogo reste optimiste : « Bien que cela prenne du temps, je suis convaincu qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. »
La question de la captation des matchs : un compromis trouvé
Face aux tensions initiales concernant l’interdiction de filmer les matchs, un compromis a été établi. « Sur les terrains sans retransmission, les clubs peuvent filmer leurs matchs pour un usage interne, sous réserve de respecter certaines conditions. » En revanche, les stades où CANAL+ diffuse les matchs restent soumis à des restrictions strictes.
Un championnat compétitif et des progrès notables
Après 12 journées, la Ligue 1 ivoirienne offre un spectacle compétitif. « Chaque week-end, le podium change, et les équipes en bas de tableau luttent pour éviter la relégation. Cela reflète une montée en puissance des clubs. »
Ligue 2 : un engouement populaire croissant
Curieusement, la Ligue 2 attire encore plus de spectateurs que la Ligue 1. « Cela montre l’attachement du public à nos compétitions nationales, ce qui est très encourageant. »
Un arbitrage en nette amélioration
Grâce à la professionnalisation des arbitres, décidée par la Fédération Ivoirienne de Football (FIF), le niveau de l’arbitrage s’est significativement amélioré. « Les plaintes ont considérablement diminué par rapport à l’an dernier, et cela contribue à la qualité globale de nos compétitions. »