Une mort de plus. Un décès de trop. Mais diantre, qu’est-ce le foot ivoirien a-t-il bien pu faire au bon Dieu pour qu’il lui fasse subir cette douloureuse épreuve de la mort en cette année 2024? Comme si la mort, cette faucheuse de vie, ne veut pas lâcher le football ivoirien, la voilà donc en train de sévir n’importe comment. Et n’importe où. Autant dire que, comme une sangsue, elle est désormais collée à la peau de notre sport-roi, pour distiller, non pas par dose homéopathique, mais bien de façon régulière son venin de la mort au sein de la famille foot. Les mauvaises nouvelles tombent. Les pleurs s’enchaînent. Les larmes coulent. A flot. Le décès de l’ancien président de la Ligue Pro et 1er vice-président de la FIF, Sory Diabaté, s’est hélas ajoutée à la longue liste entamée par le doyen Fanny Ibrahim, poursuivie par Zagoli Golié, Souleymane Bamba et Gba Bernadin. Epreuve difficile. Epreuve affligeante. Sory Diabaté s’en est allé, dans la matinée du jeudi 5 décembre. Il a servi le football ivoirien avec passion et dévouement. Sous Jacques Anouma et, ensuite, Sidy Diallo, il a toujours su porter la voix du football ivoirien dans les instances internationales. C’est d’ailleurs lui qui a présenté la candidature de la Côte d’Ivoire à Addis-Abeba lors de la réunion de la CAF pour le choix du pays hôte de la CAN 2023. SD nous a quittés. Comme avant lui, Zagoli Golié, l’ex-dernier rempart des Eléphants, de l’Africa-Sport et de l’ASC Bouaké, rappelé à Dieu un vendredi 12 juillet. « Zag » repose à présent sur sa terre natale de Boguédia avec ses gants. Définitivement. Comme aussi le rappel à Dieu, moins de 2 mois après, de Souleymane Bamba, ex international ivoirien au 53 capes, terrassé par un mal pernicieux, le cancer. Cette mort, faucheuse de vie, ne s’est malheureusement pas arrêtée là. Puisqu’elle va emporter après « Sol », l’ancien milieu des Aiglons et des Mimos, Gba Bernadin, notre « Dino ». Cruel destin. Ce lundi matin, le football ivoirien continue de pleurer ses morts. La douleur est encore là. Vive. Et rien ne dit qu’elle s’effacera de sitôt de notre esprit. Car, même si, l’écrivain, cinéaste et producteur français Marcel Pagnol estime que : « la mort, c’est tellement obligatoire que c’est presque une formalité », n’ultime séparation avec le mort s’est toujours effectué dans la douleur.Une épreuve morale difficile à supporter. Mais comme les voix du Seigneurs sont insondables, aiment à le répéter les croyants, le football ivoirien ne peut que s’incliner incliner devant cette vérité des faits. Aussi cruels soient ils. Il y a 7 ans, c’était Cheik Tioté qui nous faisait faux bond un 5 juin 2017 à Pékin, en Chine ? Il s’est écroulé sur un terrain de football dès suite d’un arrêt cardiaque à 30 ans. La Côte d’Ivoire a pleuré Cheick Tioté. Comme elle est en train de le faire aujourd’hui avec Zag, Sol, Dino et Sory. La douleur est là. Immense. Car, qui eut cru que le football ivoirien se retrouverait avec quatre morts sous les bras en une année ? Sauf que la faucheuse de vie est passée par là. Elle n’a guère prévenu quiconque. Elle est entrée par effraction pour nous enlever, nos disparus. Dans un sordide de jeu du « Renard passe, passe, chacun à son tour », elle frappe partout. C’est ainsi qu’un 31 août à Adana, en Turquie, Souleymane Bamba s’en est allé. A 39 ans. Et terrible hasard de l’histoire, quelques jours plus tôt, « Sol » avait salué sur son compte X la mémoire de l’ex-sélectionneur suédois des Eléphants Sven-Goran Eriksson, décédé des suites d’un cancer. Il s’était dit « dévasté par cette annonce » et avait salué « le meilleur coach » de sa carrière. « Jamais deux sans trois », nous dit cet apophtegme. Ce 2 septembre, le football ivoirien apprenait avec stupeur, le décès de Gba Bernadin, ancien joueur de l’Africa-Sport et de l’Asec Mimosas. Après Zagoli et « Sol »,la mort de Dino est venue confirmer la véracité de cet axiome. « Allo, allo, Elie, Dino est mort », marmonne une voix à peine audible. Et en pleurs. Notre « Dino », à nous des 220 logements a rendu l’âme. De façon brusque. Déroutante et soudaine. Et ce à 60 ans. Enseignant d’EPS et entraîneur de football, Gba Bernadin est de la promotion des Atsin Sylvère, Kouassi N’dri, Dibaï Léopold que le coach yougoslave, Nomauvic, a propulsés au-devant de la scène au début des années 80. Cette génération avait pris le relais des Lebry Jérome qui avaient perdu la finale de la Coupe d’Afrique des vainqueurs de Coupe en 1980 face au TP Mazembé du Congo Kinshasa. Victime d’un grave accident de la circulation, après son passage à l’Asec Mimosas, il était retourné chez les Oyé avant d’arrêter sa carrière. En 1990, il avait perdu avec l’Asec la finale de la 13ème Coupe UFOA, face au club nigérian de Ranhers Bee de Daniel Amokachi. Fin de parcours : « Dino » est parti. Pour toujours. Son éternel sourire n’apparaitra plus à la « Pétanque » de Jean Kablan. Ni au damier de M. Delo. Le foot ivoirien est en deuil. Le « 220 logements » pleure son « Dino. » Et pour paraphraser le journaliste et écrivain français. Alphonse Allai, si « Partir, c’est mourir un peu »,mais « mourir, c’est partir beaucoup. » Et Ils sont partis. Pour toujours. En attendant donc la date des obsèques de « Sol » et de « Dino », l’ex-1er vice-président de la FIF a, lui, été inhumé hier dimanche. Presque tout le gotha du football ivoirien était là pour l’ultime adieu. Le dernier hommage.
Kambiré Elie