Deux chapitres mortuaires pour commencer. Issa Hayatou est mort. Il a été inhumé dans sa ville natale de Garoua le vendredi 16 août dernier. Et il y avait du beau monde aux obsèques de « l’Ayatollah du football africain. » Toute la nomenklatura du football mondial lui a rendu un bel hommage. Tout le monde à Garoua. Sauf que la Côte d’Ivoire n’a pas jugé utile de dépêcher une délégation. Ne serait-ce que pour renvoyer l’ascenseur à cet homme qui, quoiqu’on dise, aura favorisé une plus grande représentativité des Ivoiriens au sein des Instances de la CAF. Certes, la FIF a publié un communiqué le 9 août, dès l’annonce de son décès. Mais son absence à Garoua, là où se sont retrouvées toutes les sommités du football mondial ne se justifiait pas. Même si la présence de l’ancien journaliste sportif de Fraternité-Matin, Ouattara Hego, par ailleurs SG de la FIF sous JBA et membre de la Commission média de la CAF sous Hayatou, a un peu sauvé la face. Car, au moins, un Ivoirien était là. Le football ivoirien était aussi en deuil. Même si la FIF n’a pondu aucun communiqué pour marquer sa compassion suite au décès de son ancien sélectionneur qui a cassé la pipe des suites d’un cancer du pancréas à 76 ans. Sven-Göran avait remplacé Vahid Halilodzic pour conduire les Eléphants au Mondial 2010. La Côte d’Ivoire avait fini 3ème de son groupe avec 4 points, derrière le Brésil (7 pts) et le Portugal (5 points). Faé Emerse, actuel sélectionneur lui a, fort heureusement, rendu un bel hommage lors de sa conférence de presse d’annonce de sa liste des 25. A part ça, NADA. Ni communiqué de la FIF. Ni une simple déclaration de l’un de ses dirigeants. Nada. Comme quoi, la reconnaissance reste le talon d’Achille de cette Fédé.
Refermons ce chapitre mortuaire. Et appesantissons-nous sur ce projet de formation, d’une extrême absurdité, qui n’a pourtant choqué personne. Ni la FIF. Ni aucun autre dirigeant de club. Bien entendu, ce projet bizarroïde de « Benfica Campus Côte d’Ivoire », matérialisé par la signature d’un partenariat public-privé entre « Sportify Capital » son partenaire « Sport Lisboa e Benfica » et l’Etat de Côte d’Ivoire comporte trop de zones d’ombre. Une nébuleuse dont seuls les signataires ont les motivations. Puisque tambours battants, les initiateurs nous ont promis monts et merveilles mieux que le projet C Jeunes de l’ex-FIF piloté par Jean-Marc Guillou, dont on ne sait à quel niveau il se situe. Et comme la Côte d’Ivoire semble être une terre ou on avale tout, où toutes les arnaques sont possibles, quoi donc de plus normal qu’on tel projet passe comme lettre à la poste. Car, séduite par un objectif qui viserait à terme à former des footballeurs talentueux. A renforcer les capacités des autres acteurs. Et patati et patata. Et bla-bla. Aussi, plus de 132 jeunes joueurs, âgés de 14 à 20 ans, seront sélectionnés dans plusieurs régions et districts puis formés chaque année à l’INJS. En clair, une Académie de football sera créée au sein de cet institut qui appartient à l’Etat. Elle fonctionnera donc aux frais de l’Etat. Sans que ni la Fédé, ni les clubs, ni certains dirigeants charismatique n’aient été associés. Et l’Etat qui n’a jamais pu trouver ne serait-ce qu’un petit terrain d’un hectare pour les clubs ou centre de formation, est à présent prêt à offrir ses bons et loyaux services aux initiateurs d’un projet sans tête ni queue. Et auquel il se dit disposer à procurer une superficie de 5 hectares. Pour la construction de 52 chambres, de salles de musculation et bien d’autres commodités. Et ce, au sein même de cet établissement de formation des Etudiants de Sports. Autant dire que cette Académie va vivre aux frais de la princesse.
Exactement comme le défunt Centre National de Sport de Haut Niveau, le « CNSHN », que l’Etat avait installé au cœur de l’INJS après sa création en 1998. Et qui avait fini par soulever l’ire des Etudiants à l’époque. Résultats des courses ? Le CNSHN est mort de sa belle mort ? Inspiré, au départ, du célèbre centre marocain de Rabat « Prince Moulay Rachid », le CNSHN aurait, en vérité, dû être piloté par la FIF de l’ex-pdt Dieng Ousseynou. Mais le projet qui aurait dû être le Clairefontaine ivoirien, a finalement été détourné pour se retrouver dans l’escarcelle du ministère des Sports. Une énorme incongruité. Et comme, l’Etat n’aime pas tirer les leçons du passé, il est en train de retomber dans les mêmes erreurs du passé. En pilotant ce même projet qui est le frère jumeau du CNSHN. Il va encore mettre beaucoup d’argent sans pour autant obtenir un retour sur investissement. Mais questions. Combien va coûter « Benfica Campus Côte d’Ivoire » ? Et qui paie la facture ? Pour sûr, il serait inconcevable que ce soit l’Etat qui soit le principal bailleur de fonds d’un tel projet. Parce qu’il n’a pas vocation à faire de la formation. Mais à créer les conditions pour que les clubs ou les centres de formation privés fassent de la formation. Mais faire de la formation ou signer des partenariats avec des structures étrangères, c’est se livrer une concurrence déloyale aux clubs. Et ce projet Benfica campus fourmille de trop de zones d’ombre, pour qu’il soit un projet sérieux. Et qu’il n’y ait pas une entourloupe derrière cet écran brumeux. Et qu’il n’aboutisse pas à un échec programmé. Comme le CNSHN. Les mêmes causes produisant les mêmes…effets.
Kambiré Elie